C’est après avoir terminé mes études aux Etats Unis que je commence un travail de recherche sur l’influence du mouvement et de la respiration sur le son du violoncelle, prenant toujours les Suites de Bach en référence sonore. En quête de plus de réponses, cette exploration me mène à Berlin en 2014 où, avec l’aide de luthiers, archetiers, dont des spécialistes de l’époque baroque ; je décide d’explorer les origines de l’instrument, la mécanique du son, ainsi que sa technique. Peu de temps après son arrivée, je fais alors une expérience qui va changer mes perspectives...
extrait du livret du disque:
"J’ai dans un premier temps trouvé que les basses sonnaient mieux quand elles étaient jouées en poussant. J’ai alors exploré cette piste et commencé le prélude de la Première Suite en poussant, idée qui me semblait irrationnelle. […] Sur le moment je n’ai pas envisagé d’inverser ma technique dans le reste des Suites, certainement parce que cette idée semble techniquement illogique au premier abord pour un violoncelliste. La nuit suivante, je me suis réveillée à deux heures du matin avec cette question : « Et si tout était inversé ? ».
ce qui devait être une courte exploration se transforme en un projet de trois ans sur le violoncelle baroque et les Suites de Bach pendant lequel je fais des recherches sur l’évolution de la technique et le montage du violoncelle, prépare une nouvelle édition Urtext des Suites puis l'enregistre sur le montage baroque du projet.
« Il y a des violoncellistes qui dirigent l’archet comme il est coutume sur la viole de gambe, c’est à dire qu’au lieu de commencer en tirant de gauche à droite, ils commencent en poussant, depuis la pointe de l’archet.» J. J. Quantz au sujet des violoncellistes, Berlin, 1752
En m'appuyant sur de nombreuses recherches historiques, sur l'observation de peintures, d'écrits et de méthodes de l'époque baroque, j'ai essayé, avec l'aide de luthiers et de spécialistes du baroque, de recréer un instrument et un réglage comme si j'avais été un violoncelliste des années 1720 qui voulait jouer les Suites.
La première étape a été de m'obliger à avoir une lecture complètement nouvelle des manuscrits. Avoir le cadre baroque complet pour lire les Suites avec une nouvelle perspective m'a été très utile. Mon guide était la vibration des cordes et le son du violoncelle.
Afin de finaliser ce projet, j'ai voulu illustrerce projet par un enregistrement des six Suites. Enregistrer les Suites avec ces cordes était un défi car on passe 6 heures par jour en mode performance dans un studio d'enregistrement, mes doigts étaient en feu... Il m'a fallu 5 jours pour les 6 Suites. Nous avons pris une acoustique naturelle afin d'avoir un son pur de l'instrument. J'ai enregistré à Berlin dans le studio Bsharp.
by Daniel König, in Leipzig
by Pure Cordes, Potsdam
by Hans Reiners, in Berlin
Ton Koopman a joué un rôle important pour moi. Il m’a encouragée dès le début de mon projet, nous avons discuté le phrasé ensemble, et une fois l’enregistrement terminé il m’a envoyé ses commentaires qui m’ont touchée.